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En attente à la gare toutière de Douala - Les grottes des Hautes Terres de L'Ouest Cameroun
Les grottes des Hautes Terres de L’Ouest Cameroun
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En attente à la gare toutière de Douala

Une plongée dans l’ambiance animée de la gare de Bonabéri

Après un court passage à Douala, dans la moiteur d’une ville étouffante, je m’apprête à partir à l’Ouest.

Assis dans le mini bus qui me déposera à Dschang, j’attends

  Gateaux ! 100F Gateaux !
  Wata wata wata !

Je suis arrivé vers 8h, un peu en avance, à la gare routière, passé l’obstacle des chargeurs et payé ma place dans un bus presque vide. Il ne reste plus que le bus fasse le plein (de passagers) pour partir.

Pour voyager, j’ai pris l’agence Vatican Express. Tous les chemins mènent à Rome.
C’est une des "grandes" agences pour Bamenda, avec Garanti Express.
Citons aussi pour le folklore Amour Mezam, Azinmeda, Bansoa Airlines, Mondial, Pacific Express, Tala Voyages, Moghama, Ndah Ndem, Binam, Camarade Express…

  Mambo ! Mambo chocolat !
  Eh, sista, brosse à dents ? Pâte dentifrice ?
  Poissons séchés ! 3 à 100F

Je regarde, observe. La gare routière ressemble à une grande place non goudronnée autour de laquelle une centaine de véhicules sont garés en épis. Nous trouvons côte à côte des petits monospaces de 10 places (dans lesquels on tasse 17 passagers), des minibus de 20 places qui prennent une trentaine de personnes, et les gros porteurs qui embarquant 60 voyageurs.

  escargots, escargots !
  Gateaux ! 100F Gateaux !
  Tranferts de crédit, MTN, Orange !

La pluie tombe. D’immenses flaques coupent la rue. La boue est partout. L’activité est incessante. Des bus entrent et sortent, des vendeurs ambulants passent et entrent dans chaque véhicule pour proposer leurs articles. Pas une minute sans qu’un de ces jeunes vendeurs n’entre en clamant le type de marchandise qu’il vend.

  Y’a les calepins ! 500 le protège-carte !
  Hot bread ! Paquet bread, five hundred ! – na fresh bread ? – tak’em ! Tak’em !
  Œufs là !

Les langues se mélangent. Les accents aussi. J’ai pris le bus pour Bamenda, capitale du Nord-Ouest, partie anglophone du Cameroun. Le pidgin, (langue locale dérivée de l’anglais à la grammaire simplifiée) se mélange au français, et aux langues vernaculaires. Le Cameroun en compte plus de 200.

  l’eau, l’eau l’eau !
  Pain chaud ! 10 pièces à 500 !
  Porte-monnaie, filet de tête !

Une grosse Mercedes grise métallisée, vitres teintées, surréaliste, traverse la gare routière, s’enfonce dans les flaques d’eau boueuse jusqu’au châssis, avant de se garer à côté du bus. Un homme sort et mène une vieille grand-mère et deux enfants dans le bus. Il va ensuite chercher de gros sacs de vivres dans son coffre, pour rapporter "au village"

  800 les babouches !
  Y’a les torches !
  Arachide grillées, plantain mur !

Les employés des compagnies de bus (appelées ici agences de voyages), debout sur le toit du bus voisin entassent les bagages et se disputent. Par moment, un taxi arrive. Tous les chargeurs se précipitent alors et harcèlent le client potentiel pour le diriger vers "son" agence.

A côté de moi, le couple de la Mercedes a décidé d’acheter une paire de chaussure pour la grand-mère qui va voyager. Le vendeur sort quatre modèles de son sac. Ils choisissent une paire de sandales, mais la taille n’est pas bonne. La seule paire ayant la bonne pointure est un petit escarpin blanc, mais la femme trouve qu’il y a trop de talon. La grand-mère ne serait, elle, pas contre !

  Gâteaux là !
  Mouchoirs de poches, serviette de toilettes !
  Soya soya soya !

Les négociations vont durement à côté de moi. Le vendeur vend sa paire de chaussure 1500F (2,2€) mais l’acheteur propose 1200 (1,90€). Les discussions s’enflamment, chacun campant sur sa proposition. "Tu connais le taclage ? Attention, nous, on est des tacleur !" dit le client.

  Maïs bouilli !
  Bonbons au gingembre !
  Fish cake !

1h30 que j’attends.
La pluie tombe toujours.
Une beauté sculpturale passe, puis entre dans mon bus. Un sourire, une salutation. Mon cœur se réchauffe.
Les femmes du Nord-Ouest sont très différentes des Camerounaises francophones. On remarque immédiatement leurs coiffures très recherchées, colorées et excentriques. Leurs tenues sont souvent de très bon goût, originales, sexy sans être outrageuses. Une éducation faites par les films nigérians et sud-africains

  Wata, wata ! Wata ?
  Y’a la craie magique qui tue tous les cafards !

Les négociations sur la paire de chaussure ont évolué. Après 15 minutes, nous sommes à 1400 contre 1300. Je rappelle que le client, un Bamiléké bedonnant d’une cinquantaine d’années, ne semble vraiment pas être dans le besoin, au vu de sa petite caméra vidéo toute neuve qu’il exhibe ostensiblement. Finalement après encore dix minutes, il ne prendra pas la paire de chaussure.

2h, je commence à fatiguer.
Le moteur du bus ronronne. Sûrement un départ imminent. Devant moi, une vieille femme porte des scarifications sur son visage. Des poinçons tout autour de yeux. Ces signes sont rares chez les jeunes, ou bien plus discrets. Souvent, des cicatrices en forme de quartiers de lunes sont tracés sur les pommettes des jeunes filles, ou bien trois traits parallèle sur le front, les joues, les bras, les seins.

Finalement, après trois heures de patience, le bus est en route. Le voyage peut enfin commencer.

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