C’est ce que le Roi affirme.
Keng Godefroy, chanteur de l’Ouest, raconte plutôt dans une de ses chansons que "la vraie magie c’est le travail", et qu’il ne faut pas être superstitieux, et croire que si l’autre réussit, "c’est le famla’, la sorcellerie".
Protégé par un enclos, ce lieu se présente comme un îlot forestier situé au-dessus d’un chaos de blocs granitiques. Sous le chaos coule une rivière souterraine, que l’on entend couler, mais personne n’a jamais réussi à la voir. Un pont naturel permet de passer au-dessus de cette rivière.
Une première désescalade entre les blocs permet d’arriver à la rivière, qui n’est pas si loin. Quelques chauves souris, toutes petites, volètent. Pour continuer, il faut se mettre à l’eau. Mais le niveau d’eau est très élevé aujourd’hui, et il y a plus d’1m80 de profondeur. En opposition sur les parois pour ne pas avoir à nager, mais de l’eau jusqu’au bassin, j’avance jusqu’à une chatière qu’il va falloir passer. Les parois glissent, et… plouf. Bon…
Je me remets en opposition, repars à contre-courant, et tente de me faufiler dans le petit trou. Ca passe, mais c’est limite. De l’autre côté, le bruit de l’eau est assourdissant, et c’est toujours par un pas d’escalade que l’on progresse. Ma main frôle une mygale. Ce n’est pas pour me rassurer. Passé ce petit passage technique, je reprends mes esprits. Je suis dans une petite salle. Trois actifs convergent, et se perdent dans la chatière. Quelques déchets plastiques sont coincés au plafond, ce qui signifie qu’en cas de pluie, le passage siphonne et je me retrouverai coincé… Il faut faire vite. Je fouille. Cherche la suite potentielle. Rampe dans quelques goulots boueux. Escalade un bloc coincé. Une dizaine de chauves-souris habitent ici. Quelques racines pendent du plafond. Je ne vois pas de suite, tous les départs sont borgnes.
Je repars donc dans la rivière, au pied du puits d’entrée, et ressortant, tous me retrouvent, inquiets quand même de m’avoir vu disparaître. Combien de temps ? Une vingtaine de minutes au moins, peut-être quarante. Je ne sais pas.
Je redescends chercher l’appareil photo laissé en bas, et un petit espace entre deux rochers m’attire. C’est étroit. Ca coince un peu pour passer, mais derrière, ça s’agrandit. Du neuf ! La grotte continue vers l’aval. D’autres mygales pas très sympathiques, un long passage à plat ventre sur un rocher souillé, et je prends pieds dans une belle salle. Un puits de lumière l’éclaire. Au plafond, plusieurs nurseries de chauves-souris, où s’agglutinent des paquets d’une centaine de jeunes. Je ne les dérange pas, et continue. La suite est étroite, et ça sent peut-être la fin. Je ressors par le puits de lumière chercher le matériel topographique et tout le monde est surpris de me voir arriver de l’extérieur.
Malheureusement, il se fait tard, et André de l’or Nzeugang, autrement connu sous le nom de Sop You’nwouak, "le prince qui comprend et qui écrit", me dit que ce n’est plus l’heure d’entrer dans ce genre de lieu.
"Ce genre de lieu", cela signifie les lieux compliqués. "Compliqué" au sens Bamiléké du terme, c’est-à-dire un lieu où des esprits se retrouvent. Ou il se passe "des choses".
Bref, ce n’est que partie remise.
Au bilan : une belle petite grotte, où l’on peut vraiment faire de la vraie spéléologie sportive. Une rivière souterraine, des étroitures, de l’opposition, de l’engagement, des bestioles… Je n’imaginai pas trouver ça à l’Ouest.